Arthrite septique

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douleur poignet garçon Thinkstock

L'arthrite septique est grave, elle est due à une articulation infectée.

Il existe différents types d'arthrites :

Arthrite septique : une urgence vitale

L'arthrite septique est aussi appelée :

  • arthrite infectieuse ou suppurée,
  • ou encore pyarthrose.

Cette arthrite survient suite à l'infection d'une articulation par un germe : elle se distingue en cela des arthrites aseptiques et des arthrites microcristallines.

D'un point de vue médical, c'est une urgence, car :

  • le pronostic fonctionnel est mis en jeu : risque d'impotence articulaire,
  • le pronostic vital est mis en jeu : risque de mort par choc septique.

Il s'agit presque systématiquement d'une monoarthrite dans la mesure où l'infection est localisée.

À noter : on retrouvera tous les signes typiques de l'infection (microbienne ou bactérienne).

Différents types d'arthrite septique : selon le germe

L'arthrite septique étant le résultat d'une infection par un germe, il est important de déterminer de quel germe il s'agit. On distingue :

  • l'arthrite infectieuse à germes banals qui regroupent notamment :
    • le Kingella kingae responsable de 37 % des arthrites septiques chez les moins de 4 ans,
    • les staphylocoques, impliqués de 27 % (chez les bébés) à 38 % (chez les adultes),
    • les streptocoques, impliqués de 20 % (chez les bébés) à 34 % (chez les adultes) ;
  • l'arthrite virale avec notamment :
    • la rubéole,
    • les hépatites,
    • le parvovirus,
    • le sida ;
  • l'arthrite de Lyme ou maladie de Lyme, due à la bactérie Borrelia burgdoferi, spécifiquement causée par une piqûre de tique ;
  • l'arthrite juvénile idiopathique (AJI) ou arthrite chronique juvénile (ACJ) ;
  • l'arthrite brucellienne qui survient au cours d'une brucellose et qui est très rare de nos jours ;
  • l'arthrite tuberculeuse qui a presque complètement disparu.

Attention ! Dans 20 % des cas, aucun germe n'est identifié.

Les facteurs qui favorisent les arthrites septiques

Les arthrites septiques peuvent survenir à n'importe quel âge et toucher aussi bien les hommes que les femmes.

Toutefois, un certain nombre de facteurs à risque ont été identifiés.

Arthrite septique : les facteurs les plus fréquents

L'arthrite septique touche plus particulièrement la personne :

Bon à savoir : dans le cas particulier de la maladie de Lyme, seule la piqûre de tique est à incriminer, d'où la nécessité de prendre le plus de précautions possible lors de balades dans des zones à risque (herbes hautes ou forêt notamment). L'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) souligne toutefois qu'il ne faut pas sous-estimer l'importance du risque de piqûres dans les jardins privés (47 % des cas de piqûres recensés entre mars et avril 2020, lors du premier confinement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19). 

Facteurs locaux favorisant l'arthrite septique

D'autres facteurs, plus locaux, peuvent également être mentionnés :

Des circonstances qui favorisent d'infiltration d'un germe

Ces facteurs favorisent l'infiltration d'un germe dans l'organisme par différents types de voies :

  • la voie hématogène (circulation sanguine) : majorité des arthrites septiques ;
  • l'inoculation directe (en provoquant une ouverture, comme au cours d'une infiltration par exemple, d'un geste médical) : plus rare ;
  • par contiguïté.

À noter : dans les groupes à risque, l'incidence annuelle de personnes touchées passe de 2 à 10 pour 100 000 à 30 à 70 pour 100 000.

Arthrite aseptique : symptômes articulaires et généraux

Plusieurs symptômes caractérisent une arthrite aseptique.

Des symptômes au niveau articulaire

Avec l'arthrite septique, on retrouve généralement :

  • une monoarthrite aigüe (essentiellement au genou ou à la hanche),
  • un début brutal,
  • une douleur violente et entraînant une impotence fonctionnelle,
  • une douleur (voire une impossibilité) au mouvement passif (effectué par quelqu'un d'autre, donc sans faire fonctionner les muscles),
  • des signes inflammatoires marqués (rougeur, chaleur, œdème),
  • un épanchement intra-articulaire,
  • parfois un gonflement des ganglions voisins.

Rapidement, une fonte musculaire s'installe à proximité de l'articulation touchée.

À noter : certaines articulations parmi les plus touchées (la hanche notamment) sont des articulations profondes ; les symptômes seront donc parfois moins marqués avec une simple « malposition » destinée à éviter la douleur.

Au niveau général : fièvre, fatigue, pâleur et transpiration

On va observer un état infectieux généralisé avec :

  • de la fièvre ou des frissons,
  • une intense fatigue (asthénie),
  • une pâleur,
  • une hypersudation (transpiration).

Dans les cas les plus graves, l'inflammation est extrêmement marquée :

  • notamment les infections à streptocoque bêta-hémolytique de groupe A chez un enfant,
  • elle nécessite une hospitalisation d'urgence en soins intensifs.

Lorsque de tels tableaux cliniques sont observés, on s'oriente vers une arthrite septique et on cherche alors la porte d'entrée par laquelle l'infection a pu se faire :

  • plaie ou microcoupure,
  • fracture ouverte,
  • prothèse articulaire,
  • intervention médicale,
  • geste intra-articulaire ou geste intra-vasculaire (comme une artériographie par exemple),
  • toxicomanie intraveineuse.

Diagnostic : examens et diagnostic différentiel

Pour poser un diagnostic sûr, l'étude des symptômes doit être complétée par :

  • différents examens,
  • un diagnostic différentiel, pour éviter de confondre avec un autre type d'arthrite.

Des examens pour compléter le diagnostic

Les examens complémentaires sont indispensables : eux seuls permettent d'identifier avec certitude le germe impliqué dans l'inflammation articulaire.

Pour adopter une antibiothérapie ciblée, cette identification est primordiale.

ARTHRITE SEPTIQUE : EXAMENS NÉCESSAIRES POUR LE DIAGNOSTIC

EXAMENS CARACTÉRISTIQUES
Ponction articulaire On retrouvera :
  • un liquide articulaire trouble, purulent,
  • des globules blancs polynucléaires altérés,
  • parfois des taux d'acides lactiques, de glucose et de procalcitonine élevés.
Analyses de sang Les signes biologiques de l'inflammation sont très souvent présents (mais pas pour autant systématiques) avec :
  • une accélération de la vitesse de sédimentation (55 à 90 % des cas en fonction des auteurs),
  • une augmentation de la protéine C-réactive,
  • une fréquente hyperleucocytose (augmentation du nombre de globules blancs dans le sang).
Biopsie synoviale
  • La membrane synoviale étant affectée de manière privilégiée en cas d'arthrite septique, une biopsie (prélèvement) synoviale est intéressante pour identifier le germe (davantage qu'une ponction articulaire).
  • Elle est tout particulièrement indiquée lorsqu'on suspecte une infection peu invasive, c'est-à-dire :
    • provoquée par un Staphylococcus epidermidis (ou staphylocoque blanc) ou une cornybactérie,
    • faisant suite à une antibiothérapie qui permet de « couvrir » le geste médical,
    • en cas de négativité d'une ponction malgré une forte suspicion d'arthrite septique.
  • Dans ces conditions, l'identification du germe peut atteindre 90 %.
  • La ponction permet de retrouver :
    • une membrane synoviale très enflammée,
    • une ulcération,
    • de nombreux polynucléaires altérés.

À noter : 2 ou 3 semaines après le début de l'infection elle devient moins spécifique.

Radios
  • L'imagerie initiale sert de référence et permet de suivre l'évolution de la maladie.
  • Celle-ci est normale au début, même en cas de symptômes cliniques manifestes.
  • Toutefois, dans 50 % des cas, les 1ères radios montrent des lésions significatives et spécifiques de l'arthrite :
    • érosion,
    • déminéralisation,
    • pincement de l'interligne articulaire.
  • Ces signes mettent en évidence une arthrite avancée et donc un diagnostic beaucoup trop tardif.
Échographie L'échographie est surtout utile pour investiguer les articulations profondes, elle permet :
  • de savoir où ponctionner avec précision,
  • de déterminer l'étendue de la synovite,
  • de repérer les éventuels cloisonnements (si des zones de l'articulation sont épargnées),
  • de repérer des abcès.
Scanner
  • Le scanner est intéressant dans la mesure où il peut être pratiqué dans n'importe quelle zone.
  • Il permet d'observer :
    • l'épanchement,
    • le gonflement des parties molles,
    • les éventuels abcès,
    • l'étendue des érosions et des ostéites (lésions osseuses), qui sont plus visibles qu'à la radio et qui peuvent donc être évaluées.
Imagerie par résonnance magnétique (IRM)
  • L'IRM est depuis quelques années un examen clé : il permet de déterminer les arthrites septiques avec beaucoup plus de sûreté en cas de doute diagnostique.
  • Ainsi, l'IRM permet :
    • de confirmer l'épanchement,
    • de détecter les éventuelles synovites ou bursites (inflammation de la bourse articulaire),
    • d'étudier les lésions osseuses sous-cartilagineuses.
  • En revanche il ne présente pas d'intérêt dans le suivi.

Arthrite septique : le diagnostic différentiel

Il est fondamental de distinguer les arthrites septiques des autres arthrites comme :

Cette distinction est facile si une analyse du liquide articulaire est pratiquée.

En effet, l'examen bactériologique restera stérile et, dans le cas des arthrites microcristallines :

  • les polynucléaires retrouvés ne seront pas altérés,
  • on retrouvera des microcristaux.

En ce qui concerne les arthrites réactionnelles, on ne retrouvera aucun agent infectieux dans l'articulation elle-même.

Évolution des arthrites septiques : 8 % de décès

Les arthrites septiques entraînent de nombreux décès : on estime que 8 % des malades meurent de cette infection.

Les facteurs qui favorisent la mortalité sont :

  • l'âge (plus de 65 ans),
  • la préexistence d'une arthrite,
  • une infection sur prothèse.

Par ailleurs, 50 % des personnes atteintes d'arthrites septiques gardent des séquelles fonctionnelles.

Traitement de l'arthrite septique : hospitalisation

Il s'agit d'une urgence médicale qui nécessite une hospitalisation en urgence. Plusieurs étapes doivent ensuite être respectées :

  • le traitement de la douleur : sans anti-inflammatoires tant que le diagnostic n'est pas posé ;
  • une antibiothérapie adaptée en fonction du germe et du patient : généralement pendant un mois/un mois et demi ;
  • le drainage articulaire qui permet :
    • de réduire la douleur,
    • d'évacuer le liquide inflammatoire et donc de limiter la destruction articulaire ;
  • une immobilisation : à la fois antalgique et accélérant la cicatrisation, mais favorisant l'enraidissement ;
  • la rééducation.

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