Arthrite réactionnelle

Sommaire

 

L'arthrite réactionnelle est une spondylarthropathie.

L'arthrite réactionnelle est une spondylarthropathie, ce qui la distingue de la polyarthrite rhumatoïde.

Arthrite réactionnelle : après une infection

L'arthrite réactionnelle est une arthrite qui survient dans les semaines qui suivent une infection génito-urinaire ou digestive.

Il s'agit donc d'une inflammation articulaire stérile (sans agents infectieux au sein même de l'articulation).

On parle souvent du syndrome urétro-oculo-synovial (ou syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter) comme étant la forme la plus évocatrice de ce type d'arthrites, bien que celle-ci soit assez rare de nos jours.

Les arthrites réactionnelles concernent surtout :

  • les jeunes adultes : entre 20 et 40 ans,
  • et essentiellement les hommes : 3 fois plus que les femmes.

Symptômes des arthrites réactionnelles : urétrite

Les arthrites réactionnelles consécutives au syndrome urétro-oculo-synovial sont précédées de quelques jours à un mois par une urétrite (inflammation de l'urètre) voire une prostatite.

ARTHRITE RÉACTIONNELLE : LES SYMPTÔMES

TYPES DE SYMPTÔMES CARACTÉRISTIQUES
ARTICULAIRES
  • Au niveau articulaire on retrouvera, 2 semaines à 1 mois après l'infection :
    • une mono ou oligoarthrite : à début brutal, très douloureuse et asymétrique,
    • un épanchement important,
    • des signes inflammatoires très marqués.
  • Les articulations les plus fréquemment touchées sont :
    • les genoux : 70 à 90 % des cas,
    • les chevilles : 20 à 50 % des cas, avec douleur au talon et/ou au tendon d'Achille,
    • les articulations métacarpo ou métatarso phalangiennes des doigts : 10 à 45 % des cas,  avec le signe évocateur du doigt ou de l'orteil dit « en saucisse » (dans 7 à 11 % des cas).
  • Et plus rarement :
    • les mains,
    • les poignets,
    • les coudes.
  • Des symptômes rachidiens (touchant la colonne vertébrale ou les articulations sacro-iliaques) s'observent dans 38,5 % des cas.
DERMATOLOGIQUES Au début de l'arthrite on peut retrouver :
  • des vésicules claires pouvant devenir des pustules (difficiles à différencier d'un psoriasis) à différents niveaux :
    • aux paumes et aux plantes des pieds,
    • aux orteils,
    • au scrotum,
    • au cuir chevelu,
  • une hyperkératose : épaississement de la peau sous les ongles.
OCULAIRES On retrouve parfois des symptômes de :
  • conjonctivite bilatérale (50 % des cas),
  • iridocyclite (inflammation de l'iris) unilatérale et douloureuse (10 % des cas),
  • ulcérations cornéennes,
  • uvéites.
DIGESTIFS
  • La présence de signes inflammatoires digestifs n'est pas rare.
  • On retrouve dans ce cas :
    • des symptômes semblables à ceux rencontrés dans la maladie de Crohn,
    • des symptômes mimant une rectocolite hémorragique.
AUTRES SYMPTÔMES QUE CEUX DU SYNDROME URÉTRO-OCULO-SYNOVIAL Les éléments présents dans le syndrome urétro-oculo-synovial ne se retrouvent presque jamais combinés et on observe généralement des formes atypiques avec :
  • une monoarthrite ou une polyarthrite,
  • la présence d'une petite fièvre,
  • des signes d'asthénie (fatigue importante) ou d'amaigrissement,
  • des symptômes digestifs type diarrhée,
  • une atteinte cardiaque (qui reste rare) avec :
    • une myocardite,
    • une péricardite,
    • une insuffisance aortique,
    • surtout les précoces troubles de la conduction,
    • éventuellement une atteinte rénale (glomérulonéphrite).

Causes : germes impliqués dans l'arthrite réactionnelle

De nombreux germes peuvent être impliqués dans les arthrites réactionnelles.

Ce sont essentiellement les infections d'origine digestive, uro-génitale et respiratoire qui en sont la cause.

Parmi les germes impliqués, on retiendra :

  • le germe Kingella kingae (difficile à isoler mais présent dans 64 % des cas),
  • les chlamydiae : qui entraînent une évolution chronique après plusieurs années dans 50 % des cas,
  • les salmonelles (niveau intestinal) : qui engendrent des gastroentérites (l'arthrite se fera dans ce cas par poussées particulièrement longues),
  • les campylobacter jejuni (niveau intestinal) : qui guérissent dans 95 % des cas en moins de 2 mois et qui entraînent :
  • des polyarthrites (40 % des cas),
  • une oligoarthrite (31 % des cas),
  • une monoarthrite (9 % des cas),
  • des lombalgies (20 % des cas),
  • les shigelles (sonnei et flexneri), qui entraînent de nombreuses récidives,
  • les Yersiniae (niveau intestinal) peu récidivantes mais entrainant une inflammation sacro-iliaque bilatérale,
  • les Escherichia coli (niveau intestinal),
  • les borreliae,
  • les streptocoques,
  • les staphylocoques dorés, etc.

Diagnostic de l'arthrite réactionnelle : radio, biologie, etc.

Le diagnostic des arthrites réactionnelles est fondamental.

Il permet de distinguer les arthrites réactionnelles :

Anamnèse : dialogue du médecin avec le patient

L'anamnèse va rechercher une série d'éléments.

Les signes annonciateurs d'arthrite réactionnelle et qui ont pu survenir jusqu'à un mois plus tôt, par exemple :

  • urétrite,
  • ou gastroentérite (avec diarrhées).

Les articulations douloureuses sont investiguées.

La localisation aux membres inférieurs évoque surtout une arthrite réactionnelle à chlamydiae (en réaction aux bactéries chlamidiae trachomatis ou pneumoniae).

La fièvre est vérifiée.

Examens de radiologie : affinés avec l'évolution de l'arthrite

La plupart des radios ne montrent aucune autre anomalie qu'une légère ostéopénie (diminution de la densité osseuse) à proximité de certaines articulations.

Progressivement, on pourra voir apparaître :

  • une érosion articulaire à hauteur des articulations douloureuses,
  • une ossification :
    • du talon (calcanéum),
    • de la rotule (patella),
    • de certaines zones du tibia,
    • de certaines zones de l'os iliaque,
    • une inflammation de l'articulation sacro-iliaque (jusqu'à 70 % des cas).

De son côté, l'échographie permet de diagnostiquer les enthésites périphériques : elle est donc très utile dans le diagnostic d'arthrite réactionnelle.

À noter : l'électrocardiogramme est utile pour détecter les troubles de la conduction.

Des examens biologiques révélateurs

Les signes biologiques sont importants pour le diagnostic.

Si l'on est confronté à un liquide synovial stérile, on s'orientera nécessairement vers une arthrite réactionnelle. Les examens vont permettre de retrouver :

  • dans le sang :
    • les signes d'inflammation classiques,
    • une hyperleucocytose (nombre important et excessif de globules blancs dans le sang),
  • dans les urines : une pyurie (du pus),
  • dans le liquide articulaire : des globules blancs polynucléaires neutrophiles.

On retrouve l'antigène HLA B27 dans 50 à 80 % des cas : il est associé aux formes les plus sévères d'arthrites réactionnelles.

Ne pas confondre avec une arthrite septique

L'ensemble de ces éléments est fondamental pour ne pas confondre une arthrite réactionnelle avec une arthrite septique (infection directe, le germe se trouvant au sein de l'articulation).

De même la fièvre, susceptible d'évoquer un RAA doit faire observer la plus grande prudence : la confusion peut être particulièrement importante si des troubles cardiaques y sont associés.

Distinguer l'arthrite réactionnelle de l'arthrite psoriasique

Les autres erreurs diagnostiques possibles concernent les spondylarthropathies, et en particulier l'arthrite psoriasique, qui partage de nombreux points communs avec les arthrites réactionnelles :

  • arthrite asymétrique,
  • atteinte des ongles,
  • doigt « en saucisse »,
  • atteinte oculaire associée.

Arguments en faveur de l'arthrite réactionnelle

Les arthrites réactionnelles :

  • ont un début brutal,
  • et ne touchent pas que les mains.

De plus, la présence d'une urétrite oriente plus volontiers vers une arthrite réactionnelle.

Évolution et traitement de ce type d'arthrite

Les arthrites réactionnelles sont souvent considérées comme d'évolution bénigne.

Attention aux récidives : une surveillance régulière importante

Les récidives sont parfois fréquentes, selon les germes impliqués.

D'autres infections, différentes de la première, peuvent réactiver un germe resté latent.

Certaines réactivations surviennent même sans nouvelles infections.

Traitement symptomatique de l'arthrite réactionnelle

Le traitement de l'arthrite réactionnelle est essentiellement symptomatique. On emploie :

  • des anti-inflammatoires : pour lutter contre la douleur et l'inflammation,
  • des injections intra-articulaires de corticoïdes,
  • des antibiotiques (parfois en cures) : pour éviter les récidives d'origine vénérienne ; surtout prescrits en cas d'infection active.

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