Arthrite infectieuse

Sommaire

 

L'arthrite infectieuse est une urgence thérapeutique.

L'arthrite infectieuse est une arthrite septique, tout comme :

Arthrite infectieuse : une infection de l'articulation

L'arthrite infectieuse est une arthrite septique à germes banals. C'est une inflammation due à la prolifération dans une articulation d'un germe.

On estime qu'il existe entre 2 et 10 cas pour 100 000 personnes environ.

L'arthrite infectieuse est une urgence thérapeutique :

  • les pronostics fonctionnel et vital sont en jeu,
  • une prise en charge hospitalière est donc indispensable en cas de suspicion.

Ce type d'arthrite est à différencier :

Les germes impliqués dans l'arthrite infectieuse

Dans l'arthrite infectieuse, les germes les plus fréquemment impliqués sont :

  • le staphylocoque doré : dans 60 à 80 % des cas,
  • la Kingella kingae dans 48 % des cas (chez les moins de 4 ans elle est impliquée dans 88 % des cas) ;
  • les bacilles gram négatifs, contrairement aux deux premiers qui sont gram positifs : dans 20 % des cas,
  • le streptocoque bêta-hémolytique de groupe A ou SGA : dans 10 % des cas,
  • le Staphylococcus epidermidis (ou staphylocoque blanc), présent sur la peau, comme son nom l'indique.

Ainsi que d'autres germes, comme :

  • le gonocoque,
  • le Yersinia,
  • l'Hæmophilus,
  • les mycobactéries,
  • le pneumocoque,
  • les spirochètes, etc.

Arthrite infectieuse : des symptômes violents

Une arthrite septique à germes banals se traduit par son apparition brutale et :

  • une douleur très importante au niveau d'une articulation (souvent le genou, la hanche ou l'articulation sacro-iliaque) ;
  • des symptômes d'inflammation marqués : chaleur, rougeur, œdème ;
  • une impotence fonctionnelle : impossibilité à mobiliser l'articulation ;
  • une fièvre dans 40 à 90 % des cas et, selon le germe et le terrain, elle sera :
    • potentiellement élevée,
    • potentiellement associée à une asthénie ou à des frissons (20 à 70 % des cas) ;
  • le gonflement des ganglions lymphatiques qui deviennent douloureux.

Les mouvements sont extrêmement douloureux, qu'ils soient actifs ou passifs (mobilisés par quelqu'un d'autre que le patient lui-même), de sorte qu'ils sont rendus impossibles.

À noter : les personnes atteintes prennent généralement une attitude antalgique en flexion destinée à limiter la douleur (flexion du genou, flexion de la hanche, flexion du coude).

Attention ! L'atteinte de la sacro-iliaque est trompeuse dans la mesure où on peut croire à une atteinte viscérale.

Diagnostic de l'arthrite infectieuse : les examens

Le diagnostic repose surtout sur la ponction intra-articulaire, qui doit absolument être pratiquée dans des conditions d'hygiène excellentes pour éviter toute surinfection.

EXAMENS DESTINÉS AU DIAGNOSTIC DE L'ARTHRITE INFECTIEUSE

EXAMENS ÉLÉMENTS DE DIAGNOSTIC
Ponction intra-articulaire
  • Elle permet de retrouver :
    • un liquide inflammatoire, trouble ou purulent,
    • une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles (globules blancs).
  • Le prélèvement et la culture de liquide synovial permettent de retrouver le germe impliqué dans 75 % à 95 % des cas : ce rendement peut être meilleur encore si on procède à un ensemencement immédiat dans un flacon d'hémoculture.
  • Les hémocultures, elles, sont particulièrement rentables (jusqu'à 67 %) lorsque le prélèvement est pratiqué au cours d'un épisode fébrile.
Radiographies
  • Les examens d'imageries médicales ne doivent intervenir que dans un second temps, après la ponction articulaire et les prélèvements qui permettront de retrouver le germe en cause.
  • Les radios n'auront que peu d'intérêts dans les débuts, car aucune image significative ne pourra être observée.
  • Elles seront toutefois utiles pour les arthrites profondes (touchant la hanche par exemple).
  • Elles permettront également d'anticiper une atteinte osseuse.
Échographie
  • L'échographie est intéressante dans la mesure où elle peut être pratiquée sur tous les sujets.
  • Elle sert surtout à :
    • détecter les épanchements de liquides,
    • détecter une prolifération de synoviales, surtout au niveau des articulations profondes et difficiles d'accès,
    • guider les ponctions vers les épanchements.
Biopsie synoviale
  • La synoviale étant affectée de manière privilégiée en cas d'arthrite septique, une biopsie synoviale est intéressante pour identifier le germe.
  • Si ce dernier est peu agressif, la biopsie permet l'identification dans 70 à 90 % des cas.

Évolution : des lésions irréversibles et des cas de décès

L'évolution de l'arthrite infectieuse dépend de la rapidité de diagnostic et donc de prise en charge.

Lorsque le délai entre le début des symptômes et la mise en place du traitement excède une semaine, on constate :

  • une importante aggravation du pronostic,
  • l'installation de lésions irréversibles : les premières lésions apparaissent dès le deuxième jour d'infection.

Arthrite non traitée : pronostic vital engagé

Si, malgré tous les symptômes constatés, l'arthrite septique n'est pas rapidement et correctement traitée (avec l'antibiotique adéquat), elle va :

  • rapidement et définitivement détruire le cartilage articulaire : en 1 à 2 semaines seulement,
  • entraîner une septicémie susceptible de provoquer une endocardite et d'autres inflammations qui, en bout de course, entraînent la mort.

arthrite infectieuse traitée à temps : guérison

Si l'arthrite infectieuse est rapidement prise en charge et traitée, il est possible d'éviter toute séquelle.

L'intervention médicale permet généralement la guérison totale du patient.

Traitement : des soins pluridisciplinaires à l'hôpital

Le patient doit être pris en charge dans une unité de soins adaptée : urgences, soins intensifs, services de réanimation, services d'orthopédie, etc.

Par la suite, des soins pluridisciplinaires doivent être mis en place :

SOIGNER UNE ARTHRITE INFECTIEUSE À L'HÔPITAL

SOINS EXPLICATIONS
MÉDICAMENTS
  • Prescription d'antalgiques pour mieux supporter la douleur générée par l'arthrite.
  • Prescription immédiate d'antibiotiques, juste après avoir effectué les prélèvements : elle sera ainsi adaptée au germe retrouvé et donc extrêmement ciblée.
IMMOBILISATION
  • Une immobilisation peut être judicieuse pour :
    • son effet antalgique,
    • sa fonction cicatrisante.
  • Elle ne doit toutefois pas être prolongée en raison des risques de fonte musculaire et d'enraidissement.
RÉÉDUCATION
  • Une rééducation doit intervenir dès la disparition, voire dès la simple amélioration des signes articulaires sous forme de kinésithérapie (mobilisation douce).
  • La rééducation est importante pour récupérer la totalité des fonctions articulaires.
DRAINAGE ET LAVAGE ARTICULAIRES
  • Le drainage et le lavage articulaires calment la douleur en évacuant la pression intra-articulaire.
  • Ils évitent la progression de la destruction des tissus.
CHIRURGIE
  • Prise suffisamment tôt, une arthrite septique se soigne correctement par simple antibiothérapie et n'entraîne aucune lésion.
  • Toutefois, dans certains cas particuliers qui entraînent la création d'un abcès ou d'une synovite difficile à éliminer, la chirurgie peut s'avérer nécessaire.
  • Après avoir nettoyé l'articulation, le chirurgien orthopédiste peut procéder à l'ablation :
    • de la membrane synoviale,
    • de tissus infectés, nécrosés.

À noter : lorsqu'une infection a lieu sur une articulation dotée d'une prothèse, la seule solution permettant d'éradiquer de façon sûre le germe est de procéder à l'ablation du matériel orthopédique.

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