Arthrite psoriasique

Sommaire

L'arthrite psoriasique est une arthrite aseptique.

L'arthrite psoriasique est une maladie qui fait partie des spondylarthropathies. Cette arthrite aseptique fait partie des maladies inflammatoires, au même titre que la polyarthrite rhumatoïde, le rhumatisme articulaire aigu, la spondylarthrite ankylosante ou encore l'arthrite réactionnelle.

Arthrite psoriasique : pas si rare

La particularité de l'arthrite psoriasique est d'être accompagnée d'un psoriasis. Le psoriasis est une maladie de peau relativement fréquente, car elle touche 2 % de la population mondiale. Celle-ci laisse apparaître des lésions de la peau sous forme de plaques rouges dans 90 % des cas (psoriasis commun).

Psoriasis et arthrite : 5 à 30 % des cas

Le psoriasis ne s'accompagne pas nécessairement d'une arthrite (5 à 30 % des cas). Lorsque c'est le cas, celle-ci n'apparaît pas toujours simultanément.

  • Dans plus de 60 % des cas, le psoriasis survient plusieurs mois (et même plusieurs années parfois) avant que l'arthrite ne se manifeste.
  • Dans 15 à 40 % des cas l'arthrite psoriasique précède (ou se manifeste en même temps) l'atteinte cutanée.

Une arthrite qui apparaît entre 20 et 40 ans

Les hommes sont autant touchés que les femmes par l'arthrite psoriasique. Elle se manifeste généralement pour la première fois entre 20 et 40 ans. Toutefois, elle est susceptible d'apparaître à n'importe quel âge.

Symptômes caractéristiques de l'arthrite psoriasique

L'arthrite psoriasique présente une série de symptômes assez caractéristiques qui permettent de l'identifier assez rapidement : des articulations douloureuses (surtout le matin), gonflées (présentant un œdème) et raides, une perte de la mobilité des articulations.

Il peut s'agir soit d'une monoarthrite soit d'une oligoarthrite, parfois associée à une petite fièvre. Souvent, la poussée d'arthrite s'accompagne d'une éruption de psoriasis, aux ongles notamment, donnant un aspect microperforé dit en « dé à coudre ». Cette arthrite possède la particularité d'être asymétrique et extrêmement inflammatoire.

À noter : la douleur et l’anxiété qu'entraîne le rhumatisme psoriasique provoquent des troubles du sommeil chez 40 % des patients et ce même si la maladie est peu active.

Articulations concernées par ce type d'arthrite

Les articulations les plus fréquemment atteintes sont :

  • Dans environ 30 % des cas : la colonne vertébrale, essentiellement les vertèbres cervicales et dorsales.
  • Dans 8 à 6 % des cas : les interphalangiennes distales (IPD) des doigts.
  • Dans 8 à 16 % des cas : les IPD des orteils avec l'orteil gonflé « en saucisse » caractéristique (arthrite de l'IPD et de l'IPP - interphalangienne proximale- associée à une inflammation des tendons des muscles fléchisseurs).
  • Parfois l'ensemble des articulations des doigts : MCP (métacarpophalangienne), IPP et IPD (atteinte « tripolaire »).
  • Les genoux.
  • Les pieds.

Une arthrite bénigne, mais des complications sont possibles

Généralement, l'arthrite psoriasique est bénigne et entraîne peu de complications. Il existe toutefois des formes particulièrement graves qui entraînent une destruction des articulations IPD, ce qui se traduit par des mains dites « en lorgnette de théâtre » (doigt ou orteil recroquevillé mais capable de retrouver sa taille normale si on l'étire).

En cas d'évolution, les tendons et le cartilage peuvent être atteints et le nombre d'articulations touché augmente au fil du temps.

Ce n'est que plus tard que l'arthrite psoriasique peut avoir une implication extra-articulaire et s'étendre à des organes tels que les yeux et les poumons.

On note également que tous les patients souffrant de rhumatisme psoriasique présentent des risques augmentés de fractures ostéoporotiques.

5 différents types d'arthrite psoriasique

On classe l'arthrite psoriasique en 5 catégories qui se distinguent les unes des autres par la gravité de l'atteinte :

  1. L'arthrite psoriasique initiale ne touche pratiquement que les IPD des doigts.
  2. L'arthrite psoriasique qui touche un faible nombre d'articulations (oligoarthrite).
  3. L'arthrite psoriasique qui s'accompagne de lésions rachidiennes (de la colonne vertébrale).
  4. L'arthrite psoriasique qui touche plusieurs articulations (polyarthrite).
  5. L'arthrite psoriasique grave, mutilante qui entraîne des déformations articulaires, des malpositions et des rigidités.

À noter : parmi ces cinq grands types, des formes intermédiaires existent.

Causes : un dysfonctionnement du système immunitaire

Dans l'arthrite psoriasique, comme dans le rhumatisme articulaire aigu, le système immunitaire connaît un dysfonctionnement. Il attaque aussi bien les agents pathogènes extérieurs que l'organisme lui-même : en particulier les membranes synoviales des articulations.

L'inflammation induite par cette arthrite ne se régule donc pas aussi facilement que n'importe quelle autre inflammation où il suffit généralement d'éliminer l'agent infectieux impliqué (comme dans une angine bactérienne par exemple). Il s'agit donc d'une arthrite chronique.

Arthrite psoriasique : examens pour poser le diagnostic

Comme toutes les autres arthrites aseptiques, l'arthrite psoriasique présente des symptômes inflammatoires.

Pour la différencier, de la polyarthrite rhumatoïde en particulier, on se base sur :

  • une anamnèse (interrogatoire) ;
  • des radiographies ;
  • des analyses biologiques.

L'anamnèse ou dialogue avec le patient

L'anamnèse (interrogatoire) est un élément clé du diagnostic. Il permettra de savoir si le patient ou des membres de sa famille présentent des lésions cutanées ou même une arthrite psoriasique déjà diagnostiquée. En effet, 40 % des malades ont des antécédents familiaux de psoriasis ou d'arthrite psoriasique.

Examens de radiographies

À la radio, on retrouvera des lésions arthritiques caractéristiques :

  • érosions osseuses des IPD (et parfois du talon) ;
  • élargissement de l'interligne articulaire ;
  • atteinte secondaire de la synoviale ;
  • inflammation du périoste des doigts ou des orteils ;
  • destructions asymétriques des phalanges (os des doigts) : donne un aspect « de pointe de crayon dans une cupule » (amincissement des têtes métacarpiennes ou métatarsiennes avec creusement de la base de la phalange) ;
  • reconstitution osseuse en parallèle, entraînant des soudures osseuses et donc une ankylose aux articulations interphalangiennes (parfois au talon : pseudo épine calcanéenne) ;
  • syndesmophytes asymétriques au niveau cervico-dorsal.

Attention ! Il faudra toutefois prendre garde à bien différencier ces signes de ceux assez semblables qui se retrouvent dans une polyarthrite rhumatoïde. La distinction réside dans le fait que l'arthrite psoriasique présente davantage d'érosion articulaire et de reconstruction osseuse.

Analyses biologiques et arthrite psoriasique

On retrouvera dans les prélèvements sanguins les marqueurs inflammatoires classiques : augmentation de la vitesse de sédimentation (VS), protéines C réactives (PCR).

Toutefois, ces seules informations sont insuffisantes pour déterminer qu'il s'agit d'une arthrite psoriasique.

À noter : on retrouve le HLA B27 dans 20 à 25 % des cas, notamment en cas d'atteinte rachidienne.

Traitement de l'arthrite psoriasique : les médicaments

Le traitement de l'arthrite psoriasique est essentiellement d'ordre médicamenteux. Il se rapproche de celui de la polyarthrite rhumatoïde, si ce n'est qu'il doit s'accompagner d'un traitement dermatologique visant à réduire le psoriasis.

Prise d'anti-inflammatoires et d'antalgiques

Il est basé sur une prise d'anti-inflammatoires qui permet de contenir :

  • la douleur ;
  • le gonflement ;
  • la raideur articulaire.

La prescription d'antalgiques est également très fréquente. Elle s'accompagne parfois d'infiltrations de cortisone.

Traitement immunosuppresseur à base d'anticorps monoclonaux

Depuis peu, de nouveaux médicaments immunosuppresseurs sont utilisés pour lutter contre certaines formes d'arthrite psoriasique. C'est notamment le cas du Cosentyx® (son principe actif est le sécukinumab) qui cible spécifiquement et neutralise l'interleukine 17A, qui est surexprimée dans certaines maladies auto-immunes et inflammatoires comme le psoriasis et la spondylarthrite ankylosante.

Ce traitement inhibiteur de l'interleukine 17A (IL-17A) peut être employé lorsque la réponse aux traitements anti-rhumatismes plus classiques est insuffisante. Néanmoins, les traitements anti-TNF doivent toujours être utilisés en première intention car le Cosentyx® a un rapport efficacité-effets indésirables moyen.

À noter : selon une étude, les traitements par IL-17 entraînent des maladies inflammatoires chroniques des intestins (MICI), des colites ou une exacerbation de ces atteintes.

Bon à savoir : les anti-TNF semblent moins efficaces chez les personnes obèses, certaines études ayant par ailleurs montré qu’une perte de poids améliorait la réponse aux anti-TNF chez les patients en surpoids ou obèses souffrant de rhumatisme psoriasique ou de psoriasis (source : Shan J et al. Influence de l’obésité sur l’efficacité de différents agents biologiques dans les maladies inflammatoires : revue systématique et méta-analyse. Revue du rhumatisme. https://doi.org/10.1016/j.rhum.2019.02.010).

Par ailleurs, les médicaments Xeljanz® (tofacitinib), initialement indiqué dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, Taltz® (ixékizumab) et Amsparity® (adalimumab) sont également des anticorps monoclonaux. Ils sont indiqués depuis 2018 (depuis 2019 pour Amsparity®) dans le traitement du rhumatisme psoriasique actif chez les patients adultes qui ont présenté une réponse inadéquate ou une intolérance à un ou plusieurs traitements de fond. Toutefois, l’Agence européenne des médicaments (European Medicines Agency, EMA) déconseille l’utilisation de Xeljanz® (en particulier à la dose de 10 mg deux fois par jour) qui pourrait augmenter le risque d’embolie pulmonaire (EP) et de thrombose veineuse profonde (notamment chez les plus de 65 ans).

En revanche, l'EMA a rendu en décembre 2023 un avis positif concernant l’approbation de l'Uzpruvo®(ustekinumab), un anticorps monoclonal anti-interleukine 12/23.

Attention : le Cosentyx® et le Taltz®sont des médicaments d'exception dont la prescription est réservée aux dermatologues, rhumatologues et médecins de médecine interne. Pour ce qui est du Cosentyx®, les deux seringues préremplies à usage unique coûtent 1 139,74 € et elles sont remboursées à 65 %.

La prise en charge globale de ce type d'arthrite

Comme dans toutes les arthrites, une prise en charge pluridisciplinaire est préconisée. Ainsi, le traitement allopathique s'accompagnera fréquemment de :

  • rééducation fonctionnelle (kinésithérapie, physiothérapie) ;
  • ergothérapie ;
  • traitement orthopédique ;
  • accompagnement psychologique ;
  • traitement dermatologique.

De plus, étant donné le risque augmenté de fracture ostéoporotique chez les patients souffrant d'arthrite psoriasique, il est recommandé de proposer systématiquement un dépistage et un suivi adapté contre l'ostéoporose.

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