Des microcristaux de pyrophosphate de calcium.
Au même titre que la goutte, la chondrocalcinose articulaire (CCA) est une arthrite microcristalline. À noter qu'on utilise désormais le terme de rhumatisme à cristaux de pyrophosphate de calcium (PPC) plutôt que celui de chondrocalcinose, qui désigne les dépôts de PPC et non la maladie qu’ils peuvent provoquer.
Arthrite aiguë à cristaux de pyrophosphate de calcium : chez les plus de 70 ans
L'arthrite aiguë à cristaux de PPC résulte d'une précipitation de ces microcristaux à l'intérieur même du cartilage.
Cette arthrite touche 20 à 30 % des plus de 70 ans.
Dans sa forme primitive, sa fréquence augmente avec l'âge, ce qui amène 35 % des personnes à présenter une arthrite aiguë à cristaux de PPC au-delà de 80 ans.
Les femmes sont plus touchées que les hommes (à la différence de la goutte).
À noter : dans sa forme secondaire, l'arthrite aiguë à cristaux de PPC survient parfois suite à un dérèglement hormonal.
Plusieurs types d'arthrite aiguë à cristaux de PPC
Il existe un grand nombre de formes d'arthrites aiguës à cristaux de PPC.
ARTHRITE À CRISTAUX DE PPC : LES DIFFÉRENTS TYPES | |
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Formes asymptomatiques |
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Pseudo-goutte |
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Chondrocalcinose pseudo-rhumatoïde |
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Chondrocalcinose pseudo-arthrosique |
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Chondrocalcinoses pseudo-tabéiques ou destructrices |
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Symptômes : douleurs aux articulations
Les cristaux de pyrophosphate de calcium vont directement attaquer le cartilage articulaire destiné à permettre le glissement des surfaces entre elles.
Au niveau du genou, très souvent touché, les microcristaux vont surtout affecter les ménisques, constitués de fibrocartilage.
De façon générale la chondrocalcinose articulaire touche aussi bien les ligaments que les articulations, de manière bilatérale et symétrique.
De nombreuses articulations peuvent être concernées, surtout les plus grosses, bien que le genou soit de loin le plus affecté (50 % des cas), suivi du poignet (20 %) et de la cheville (13 %).
Arthrite aiguë à cristaux de PPC : diagnostiquée par radiographie
C'est très souvent au détour d'une radiographie motivée par une autre raison qu'on découvre une arthrite aiguë à cristaux de PPC.
Le diagnostic est confirmé lorsqu'on retrouve des cristaux de pyrophosphate de calcium.
Examens de radiographie : les signes
À la radio, on retrouve :
- un liseré calcique articulaire caractéristique (genoux) : zone calcifiée en bordure du cartilage articulaire,
- une calcification des fibrocartilages : ménisques du genou et symphyse pubienne notamment,
- une calcification ligamentaire : ligament triangulaire du carpe,
- une destruction articulaire proche de celle observée dans l'arthrose.
En cas de pseudo-goutte avec atteinte cervicale, on observe un aspect typique de dent couronnée au niveau de la jonction entre la première et la deuxième vertèbre cervicale.
Attention ! Il ne faut pas confondre une arthrite aiguë à cristaux de PPC avec une arthrite septique.
Analyses biologiques : des cristaux aux extrémités carrées
On retrouve les cristaux de pyrophosphate de calcium :
- dans le liquide synovial,
- et sur le fibrocartilage.
Leurs extrémités carrées et leurs autres caractéristiques sont faciles à identifier au microscope.
La ponction articulaire permettra de mettre en évidence qu'il ne s'agit pas d'une arthrite septique (mais bien d'une arthrite microcristalline aseptique).
Arthrite aiguë à cristaux de PPC : des problèmes si elle n'est pas traitée
En principe, lorsqu'elle est repérée, l'arthrite aiguë à cristaux de pyrophosphate de calcium disparaît avec un simple traitement anti-inflammatoire.
En revanche, non traitées, elles deviennent rapidement destructrices notamment au niveau :
- des fibrocartilages,
- des articulations porteuses (ce qui suppose la mise en place de prothèse comme traitement).
Traitement de l'arthrite aiguë à cristaux de pyrophosphate de calcium
L'hygiène alimentaire
Avant même de proposer un traitement médicamenteux :
- on met en place des mesures d'hygiène alimentaire ;
- l'apport de magnésium va être favorisé.
Le lavage articulaire est souvent envisagé dans les arthrites aiguës à cristaux de PPC chroniques.
Ce changement d'hygiène alimentaire est essentiel car les récidives des crises sont imprévisibles, souvent après un facteur déclenchant (traumatisme, hospitalisation, AVC…). Actuellement, il n’est pas possible de prédire quelles personnes vont refaire des crises, ni celles susceptibles de développer une forme chronique.
Le traitement médicamenteux
Le traitement médicamenteux consiste à prendre, au moment des crises :
- des anti-inflammatoires ;
- des antalgiques ;
et plus spécifiquement :
- soit de la colchicine (1,5 mg le premier jour, puis 1 mg le deuxième) ;
- soit de la prednisone à 30 mg pendant deux jours qu'on privilégiera (sauf diabète déséquilibré, hypertension artérielle non contrôlée ou contexte infectieux).
Dans les deux cas la réduction de la douleur est significative et équivalente. On note toutefois l'apparition de diarrhées dans un cas sur 5 avec la colchicine (ce qui peut être problématique chez des personnes âgées en raison du risque de déshydratation) et une élévation modérée de la pression artérielle dans un cas sur 10 avec la prednisone.
Chez les patients n’ayant pas suffisamment répondu au bout de deux jours (40 % des cas), le traitement peut être poursuivi. Il est aussi possible de combiner les deux médicaments.
Source : Pascart T et al. Société française de rhumatologie 2022, abstract 424.
Autres options thérapeutiques
On peut aussi envisager :
- une infiltration de corticoïdes (dans 10 % des cas, chez des patients n'ayant pas été soulagés par les traitements médicamenteux initiaux),
- des traitements de kinésithérapie et de balnéothérapie.
À noter : dans les cas les plus graves, il est possible de réaliser un acte de chirurgie et notamment de mettre en place une prothèse.
Traitement de fond des arthrites aiguës à cristaux de pyrophosphate de calcium
Il n’existe pas de traitement de fond de la maladie. Néanmoins, en cas d'arthrite à cristaux de PPC chronique on aura souvent recours à la colchicine (les corticostéroïdes étant évités, vu leurs effets secondaires à long terme). Certains utilisent le méthotrexate.
Chez les patients réfractaires, on se tourne davantage vers des biothérapies comme les anti-IL1, mais aussi de plus en plus vers le tocilizumab (anticorps monoclonal anti-IL6).
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Comprendre l'arthrite
Sommaire
- Qu'est-ce que l'arthrite ?
- Différentes formes d'arthrite
- Zones atteintes par l'arthrite