
L’hyperuricémie correspond à un excès d’acide urique mesuré dans le sang. On considère que l’hyperuricémie est définie par un taux supérieur à 440 µmol/L (74 mg/L) chez l'homme et 350 µmol/L (58 mg/L) chez la femme.
Une hyperuricémie retrouvée à la prise de sang est forcément anormale et doit être explorée par un médecin, même si un traitement n’est pas toujours indiqué. La maladie la plus fréquemment associée à l’hyperuricémie est la goutte.
Hyperuricémie : des causes diverses et parfois inexpliquées
Des facteurs de risques fréquemment retrouvés
L’hyperuricémie, notamment dans un contexte de goutte, concerne plus fréquemment les hommes en surpoids ou obèses, privilégiant une alimentation riche en aliments ayant un taux d’acide urique élevé (viandes, salaisons et charcuterie, bière…).
Bon à savoir : selon une méta-analyse récente, en comparaison avec la contribution génétique, l’alimentation explique très peu les variations de l’uricémie dans la population générale.
La goutte est la maladie la plus fréquemment retrouvée en cas d’hyperuricémie. Elle se manifeste le plus souvent par des douleurs articulaires avec une rougeur et un gonflement associés. L’articulation la plus souvent touchée est le gros orteil.
En cas de goutte, il s’agit d’une anomalie de métabolisme de l’acide urique qui précipite et forme des cristaux qui se logent dans les articulations.
Des causes plus rares, mais à rechercher
Les autres causes d’hyperuricémie sont :
- l’insuffisance rénale ;
- les maladies du sang (hémopathies), ou d’autres cancers au cours de leur traitement ;
- le diabète ;
- la prise de certains médicaments, comme les diurétiques ;
- une destruction anormale des globules rouges (hémolyse) ;
- un effort musculaire important, une crise d’épilepsie ou un jeûne ;
- certaines causes plus rares, comme des dysfonctionnements de la parathyroïde.
Complications possibles en cas d'hyperuricémie
Complications articulaires
Les complications articulaires sont fréquentes et handicapantes. Elles se traduisent par une rougeur et une chaleur de l’articulation, associée à de fortes douleurs. Une légère fièvre peut être associée. En l’absence de traitement, elles peuvent se répéter et parfois entraîner des déformations articulaires irréversibles.
Complications rénales
Les calculs rénaux peuvent être causés par l’hyperuricémie. Ils se traduisent par de petits cailloux (lithiases), composés de cristaux d’acide urique qui se forment dans les voies urinaires et entrainent de fortes douleurs. Il s’agit de la crise de colique néphrétique. Au dernier stade, une insuffisance rénale peut apparaitre.
Article
Traitement de l'hyperuricémie
Régime alimentaire : la première mesure à mettre en œuvre
La première étape en cas d’hyperuricémie est d’adopter un régime pauvre en aliments contenant une forte teneur en acide urique.
On supprimera les apports en :
- abats ;
- gibier et viande de venaison ;
- poissons fumés : sardines, anchois, harengs… ;
- alcools (bière et alcools forts) ;
- sodas riches en fructose.
Une activité physique douce et dans le respect des douleurs est conseillée, ainsi qu’une prise en charge spécifique en cas d’obésité. De plus, une bonne hydratation est nécessaire : 1,5 à 2 L d’eau par jour est à privilégier.
Article
Traitement de la goutte
Les crises de goutte sont l’expression de dépôts de cristaux d’urate et le but du traitement est d’abaisser l’uricémie afin d’obtenir la dissolution de ces dépôts, la disparition des signes cliniques et, si possible, la prévention des complications. Le traitement de la goutte est de deux types : le traitement de la crise aiguë et le traitement préventif de la récidive de crise (traitement chronique).
Bon à savoir : dans ses recommandations de mai 2020, la Société Française de Rhumatologie insiste sur le fait que l’information et l’éducation du patient occupent une place essentielle dans le succès à long terme de la prise en charge de la goutte.
En cas de crise de goutte, l’urgence est de soulager la douleur et de calmer l’inflammation. Le plus souvent, des anti-inflammatoires non stéroïdiens seront utilisés en l’absence de contre-indications. Un avis médical est indispensable et ils devront dans tous les cas être utilisés sur la période la plus courte possible, c'est-à-dire le temps de la crise de goutte uniquement.
Le médecin prendra parfois la décision de mettre en place un traitement au long cours pour diminuer le taux d’acide urique dans le sang. Il s’agit d’un traitement à vie de la classe des uricostatiques, comme l’allopurinol. On le débutera à petite dose : 50 à 100 mg/j et on augmentera ensuite par paliers de 50 à 100 mg toutes les 2 à 4 semaines (jusqu'en général 400 à 600 mg/j, parfois 900 mg/j).
À noter que Duzallo® (qui combine allopurinol et lésinurad) est un nouveau médicament qui vient d'être mis sur le marché. Il est utilisé pour traiter l'hyperuricémie chez les patients atteints de goutte n'ayant pas réussi à réguler leur taux d'acide urique avec l'allopurinol seul.
Si le débit de filtration glomérulaire est inférieur à 30 ml/min/1,73m2 (c'est-à-dire en cas d'insuffisance rénale sévère), on préférera le fébuxostat (dont les doses seront progressivement augmentées). Mais, on sera très attentif avec cet hypo-uricémiant en cas de maladie cardiovasculaire sévère, une étude ayant décrit une mortalité globale et cardiovasculaire majorée chez ces patients en comparaison de l’allopurinol.
Remarque : les autres causes sont plus spécifiques et leur traitement doit être décidé au cas par cas par le médecin. Il s’agit le plus souvent de traiter la pathologie au cas par cas et l’hyperuricémie s’améliorera en conséquence. Cela est d'autant plus important qu'un traitement d'allopurinol de plus d'un an serait associé à une augmentation de 20 % du risque de cancer du sein, du col de l’utérus, de l’endomètre, de la prostate ou encore à une leucémie ou à un lymphome non hodgkinien (source : Yang HC et al. Traitements de la goutte et risque de cancer : étude cas témoins. Revue du rhumatisme. 2019).